Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/122

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près dans quelle direction il se trouve, ou que le diable m’étrangle si je me charge de cette besogne.

— Ne vous inquiétez de rien, Cèdre-Rouge, je vous accompagnerai ; n’ai-je pas un plan des lieux ?

Le colosse lança au moine un regard qui étincela sous sa prunelle fauve, mais il se hâta d’en modérer l’éclat en baissant les yeux.

— C’est vrai, dit-il avec une feinte indifférence, j’avais oublié que vous veniez avec nous ; ainsi, pendant votre absence, vous abandonnerez vos paroissiens ?

— Dieu veillera sur eux.

— Hé ! il aura fort à faire ; enfin cela ne me regarde pas, tout est bien convenu ainsi ; mais pourquoi m’avez-vous obligé à me rendre dans ce meson ?

— Afin de vous faire faire connaissance avec ces deux chasseurs qui doivent voyager avec nous.

— Permettez, observa Dick, je ne vois pas trop à quoi je puis vous être bon dans tout cela ; mon concours et celui de mon compagnon ne me semblent pas vous être indispensables.

— Pardon ! répondit vivement le moine, je compte entièrement sur vous.

Le colosse s’était levé.

— Comment ! dit-il en posant rudement sa large main sur l’épaule de Dick, vous ne comprenez pas que cet honorable personnage, qui n’a pas hésité à assassiner un homme pour lui voler le secret de son placer, a une peur effroyable de se trouver seul avec moi dans la prairie ? Il redoute que moi je le tue à mon tour pour lui ravir ce secret dont il s’est rendu maître par un crime ! Ah ! ah ! ah !

Et il tourna le dos sans cérémonie.