Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/129

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lonté pour l’aider dans son entreprise hasardeuse, que Dick se pencha à l’oreille de son ami et lui dit en le couvrant d’un regard interrogateur :

— Voici cinq ans que nous chassons ensemble, Harry, que nous dormons côte à côte dans le désert ; jusqu’à présent je me suis toujours laissé conduire par vous, vous laissant libre d’agir à votre guise dans l’intérêt commun ; cependant, ce soir, votre conduite m’a semblé tellement extraordinaire que je suis obligé, au nom de notre amitié qui jusqu’à ce jour ne s’est jamais démentie, de vous demander l’explication de ce qui s’est passé devant moi.

— À quoi bon, mon ami ? ne me connaissez-vous pas assez pour être certain que jamais je ne consentirai à faire une action qui ne serait pas loyale ?

— Jusqu’à ce soir je l’aurais juré, Harry, oui, sur mon honneur, je l’aurais juré…

— Et à présent ? demanda le jeune homme en s’arrêtant et regardant son ami en face.

— À présent, répondit Dick avec une certaine hésitation, dame, je serai franc avec vous, Harry, comme un brave chasseur doit toujours l’être, à présent je ne sais pas si je le ferais, non, véritablement je ne le sais pas.

— Ce que vous me dites là me fait beaucoup de peine, Dick ; vous m’obligez, pour dissiper vos injustes soupçons, à vous confier un secret qui n’est pas à moi, et dont, pour rien au monde, je n’aurais voulu vous faire la confidence.

— Pardonnez-moi, Harry, mais à ma place, j’en suis convaincu, vous agiriez ainsi que je le fais ; nous sommes fort loin de notre pays, que nous ne reverrons peut-être jamais, nous sommes solidaires l’un de