Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/143

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C’était Joaquin.

Son frère se précipita vers lui pour le féliciter de sa victoire.

Tout à coup le gambusino s’affaissa sur lui-même et s’évanouit.

Tomaso ne se releva pas, il resta immobile, étendu sur le sol raboteux du meson.

Il était mort.

Cette scène avait été si rapide, le dénoûment si imprévu, que, malgré eux, les assistants étaient restés muets et comme frappés de stupeur.

Soudain le prêtre, que tous avaient oublié, se leva et s’avança au milieu de la salle, jeta autour de lui un regard qui fit baisser les yeux aux plus résolus.

— Retirez-vous tous, dit-il d’une voix sombre ; maintenant que vous avez laissé accomplir cette œuvre de sauvages, le prêtre doit remplir son ministère et ravir, s’il en est temps encore, au démon l’âme de ce chrétien qui va mourir ; allez !

Les aventuriers baissèrent la tête.

Au bout de quelques minutes, le prêtre resta seul avec les deux hommes, dont l’un était mort et l’autre entrait en agonie.

Nul ne put dire ce qui se passa dans cette salle ; mais lorsqu’un quart d’heure plus tard le prêtre en sortit, ses yeux lançaient des lueurs étranges.

Joaquin avait rendu le dernier soupir. En ouvrant la porte pour sortir, Fray Ambrosio se heurta contre un homme qui se rejeta vivement en arrière pour lui livrer passage.

Cet homme était Andrès Garote.

Que faisait-il, l’œil appuyé à la serrure, pendant que le moine confessait son frère ?