Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/150

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— Vous êtes devenu bien subitement scrupuleux, mon maître.

— Il y a commencement à tout, compadre, ainsi n’en parlons plus, et au revoir !

Le moine se leva.

— Vous partez ?

Caraï ! Croyez-vous que je vais coucher ici, par hasard ?

— Fort bien ; vous savez qu’il est inutile que vous comptiez sur moi pour votre expédition ?

— Que voulez-vous ? j’en suis fâché, je tâcherai d’en trouver un autre que vous.

— Bonne chance !

— Merci !

Les deux hommes étaient debout, le moine mettait le pied à l’étrier, Cèdre-Rouge paraissait, lui aussi, prêt à partir.

Au moment de se séparer, le squatter parut se raviser tout à coup.

— À propos, dit-il d’une voix indifférente, soyez donc assez bon pour me donner un renseignement dont j’ai besoin.

— Qu’est-ce encore ? fit le moine.

— Oh ! moins que rien, reprit négligemment le squatter, il s’agit d’un certain don Pedro de Tudela, que vous avez connu dans le temps, je crois.

— Hein ? s’écria le moine en retournant vivement la tête et en restant la jambe en l’air.

— Allons, allons, Fray Ambrosio, continua Cèdre-Rouge d’un ton railleur, venez donc encore quelques instants causer avec moi ; je vous conterai, si vous le désirez, une assez singulière histoire sur ce don Pedro de Tudela que vous avez connu.