Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/169

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Tortue, ces pauvres Indiens réclament tous mes soins, ils ont soif de la parole divine.

— Êtes-vous content de votre voyage ?

— Assez, ces hommes ne sont pas tels qu’on nous les représente ; leurs instincts sont nobles, comme leur nature primitive n’est pas faussée par le contact de la civilisation viciée qui les entoure, ils comprennent facilement ce qu’on leur explique.

— Comptez-vous rester quelque temps panai nous ?

— Oui, ce dernier voyage m’a extrêmement fatigué ; ma santé est dans un état déplorable, il me faut absolument quelques jours de repos afin de pouvoir reprendre les forces nécessaires pour continuer mon ministère.

— Eh bien, mon père, venez avec moi à l’hacienda, vous resterez avec nous et vous nous rendrez bien heureux, mon fils, ma fille et moi.

— J’allais vous le demander, don Miguel ; je suis heureux que vous veniez ainsi au-devant de ma pensée ; si j’accepte votre offre obligeante, c’est que je sais que je ne vous incommoderai pas.

— Bien au contraire, nous serons charmés de vous posséder au milieu de nous.

— Ah ! je connais la bonté de votre cœur.

— Ne me faites pas meilleur que je ne suis, mon père ; il y a un peu d’égoïsme dans mon fait.

— Comment cela ?

— Dame, en travaillant à l’éducation des Indiens vous rendez un immense service à la race à laquelle je tiens à honneur d’appartenir, car je suis Indien aussi, moi.

— C’est vrai, répondit en riant le prêtre ; allons, je