Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/200

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À ces paroles, un frisson de terreur parcourut les rangs des chasseurs ; le courage leur manqua ; ils n’eurent plus qu’un désir, celui de sauver celles qui étaient si misérablement tombées entre les mains de ces hommes sanguinaires.

— À quelles conditions les Comanches rendront-ils leurs prisonnières ? demanda don Miguel, dont le cœur se serra à la pensée de sa fille, qui, elle aussi, était prisonnière. Intérieurement il maudit Valentin, dont le conseil fatal était seul cause de l’effroyable malheur qui le frappait en ce moment.

— Les Faces Pâles, continua le chef, mettront pied à terre et se placeront sur une ligne ; l’Unicorne choisira parmi ses ennemis ceux qu’il lui conviendra d’emmener prisonniers ; les autres seront libres et toutes les femmes seront rendues.

— Ces conditions sont dures, chef ; ne pouvez-vous les modifier ? demanda l’hacendero.

— Un chef n’a qu’une parole : les Faces Pâles consentent-ils ?

— Un instant, laissez-nous au moins quelques moments pour nous consulter.

— Bon, que les blancs se consultent, l’Unicorne leur accorde dix minutes, répondit l’Indien.

Et faisant pirouetter son cheval, il rejoignit les siens.

Don Miguel se tourna vers ses amis :

— Eh bien, que pensez-vous de ce qui se passe ?

Les Mexicains étaient atterrés ; cependant ils étaient contraints de s’avouer que la conduite des Indiens était extraordinaire, et que jamais ils n’avaient fait preuve d’autant de mansuétude.

Maintenant que la réflexion avait fait place à la première surexcitation morale qui s’était emparée d’eux