Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/207

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— Le chercheur de pistes ! s’écria don Miguel.

— Lui-même, reprit Valentin. Diable ! vous êtes long à reconnaître vos amis.

— Vous nous pardonnerez lorsque vous saurez ce qui nous est arrivé et combien nous devons nous tenir sur nos gardes.

— Parbleu ! fit Valentin en riant et en réglant son pas sur le trot des chevaux, croyez-vous m’apprendre quelque chose de nouveau ? ne vous êtes-vous donc pas douté réellement d’où partait le coup ?

— Eh quoi ! s’écria don Miguel avec étonnement, ce serait vous…

— Qui donc, si ce n’est moi ? Pensez-vous que les Espagnols soient assez amis des Indiens pour qu’ils agissent entre eux, quand ils se trouvent face à face dans le désert, avec de si grands ménagements ?

— J’en étais sûr ! appuya le général Ibañez, je l’avais deviné au premier moment.

— Mon Dieu, rien de plus simple : votre position, grâce à la trahison du Cèdre-Rouge, était des plus critiques ; j’ai voulu vous donner le temps de vous retourner en supprimant pour quelques jours les obstacles qui s’opposaient à la réussite de vos projets ; j’ai réussi, je crois.

— On ne peut mieux, s’écria le général.

— Oh ! fit don Miguel d’un ton de reproche, pourquoi vous êtes-vous caché de moi ?

— Par une raison bien simple, mon ami : j’ai voulu en cette circonstance que votre volonté et votre conscience fussent libres.

— Mais…

— Laissez-moi finir : si je vous avais fait part de mon projet, il est certain que vous vous y seriez op-