Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/208

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posé Vous êtes un homme d’honneur, don Miguel, votre cœur est profondément loyal.

— Mon ami…

— Répondez-moi : si je vous avais expliqué le plan que j’avais conçu, qu’auriez-vous fait ?

— Mais…

— Répondez franchement, sans tergiverser.

— Eh bien, j’aurais refusé.

— J’en étais sûr. Pourquoi auriez-vous refusé ? parce que vous n’auriez jamais consenti à violer les droits de l’hospitalité et à livrer les ennemis que vous abritiez sous votre toit, tout en sachant pertinemment que ces hommes, en vous quittant, auraient considéré comme un devoir de s’emparer de vous, et que même à vos côtés, mangeant à votre table, ils surveillaient vos moindres actions ; n’est-ce pas cela ?

— C’est vrai : mon honneur de gentilhomme se serait révolté ; je n’aurais pu laisser accomplir devant mes yeux une si horrible trahison.

— Là ! vous voyez bien que j’ai sagement agi en ne vous disant rien ; de cette façon, votre honneur est à couvert, votre conscience tranquille, et je vous ai, de la façon la plus simple, débarrassé pour quelques jours de vos ennemis.

— C’est vrai ; cependant…

— Quoi ? les prisonniers ont-ils eu à se plaindre de la manière dont on les a traités ?

— Nullement ; au contraire, les Comanches et l’Unicorne en particulier ont été parfaits pour eux.

— Tout est pour le mieux alors ; vous devez vous féliciter du succès inespéré que vous avez obtenu ; il s’agit maintenant d’en profiter sans retard.

— C’est ce que je compte faire.