Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/226

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Curumilla qui, d’après les ordres de Valentin, attendaient l’hacendero et sa troupe pour se joindre à eux.

— Eh bien ! demanda don Miguel au chef indien, quoi de nouveau ?

Curumilla secoua la tête.

— Rien, dit-il.

— Alors nous pouvons avancer.

— Oui.

— Qu’avez-vous, chef ? auriez-vous vu quelque chose d’inquiétant.

— Non, et pourtant j’ai le pressentiment d’une trahison.

— Comment cela ?

— Je ne saurais le dire, en apparence tout est comme à l’ordinaire ; cependant il y a quelque chose qui ne me semble pas habituel. Voyez, il est à peine dix heures ; ordinairement à cette heure tous les mesons sont pleins, les ventas regorgent de joueurs et de buveurs, les rues sont remplies de promeneurs ; cette nuit, rien ; tout est fermé, la ville paraît abandonnée ; cette tranquillité est factice ; je suis inquiet, car j’entends le silence ! prenez garde.

Don Miguel fut frappé malgré lui des observations du chef.

Depuis longtemps il connaissait Curumilla ; il avait, été à même de le voir dans les circonstances les plus périlleuses déployer un sang-froid et un mépris de la mort au-dessus de tous éloges ; les inquiétudes et les appréhensions d’un tel homme méritaient donc qu’on y attachât une certaine importance.

L’hacendero fit arrêter sa troupe, réunit tous ses amis et tint conseil.

Tous furent d’avis qu’avant de s’avancer davan-