Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/238

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tion stratégique qui lui permettait de se défendre facilement contre les incursions des Indiens ; mais depuis l’émancipation du Mexique, cette ville, de même que tous les autres centres de population de ce malheureux pays, a vu sa splendeur s’évanouir à jamais, et, malgré la fertilité de son sol et la magnificence de son climat, elle est entrée dans une ère de décadence telle, que le jour est prochain où ce ne sera plus qu’une ruine inhabitée ; en un mot, cette cité qui, il y a cinquante ans, avait plus de 10,000 habitants, en possède aujourd’hui 3,000 à peine, rongés par les fièvres et les plus honteuses misères.

Cependant, depuis quelques semaines Santa-Fé semblait comme par magie être sortie de la léthargie dans laquelle elle est habituellement plongée, une certaine animation régnait dans ses rues ordinairement désertes ; enfin une vie nouvelle circulait dans les veines de cette population, à laquelle cependant tout devait paraître indifférent.

C’est que pendant ces quelques semaines un événement d’une portée immense s’était passé dans cette ville.

À la suite de la conspiration à la tête de laquelle se trouvaient don Miguel Zarate et le général Ibañez, les deux cabecillas ( chefs ) avaient été transférés à Santa-Fé.

Les Mexicains, fort lents d’ordinaire quand il s’agit de rendre la justice, sont le peuple le plus expéditif du monde pour tout ce qui a trait à une conspiration.

Don Miguel et le général n’avaient pas longtemps langui en prison ; un conseil de guerre composé à la hâte s’était réuni sous la présidence du gouverneur,