Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/269

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dressa comme poussée par un ressort, s’empara de son enfant et le couvrit de baisers en fondant en larmes.

Les chasseurs respectèrent cet épanchement de l’amour maternel ; ils se retirèrent en laissant auprès de la femme des vivres et de l’eau.

Au coucher du soleil, les deux hommes revinrent.

La femme était accroupie près du feu ; elle berçait son enfant en chantant à voix basse une chanson indienne.

La nuit s’écoula calme et tranquille ; les deux chasseurs veillèrent tour à tour sur le sommeil de la femme qu’ils avaient sauvée et qui reposait paisiblement.

Au lever du soleil elle se réveilla, et, avec cette adresse et cette vivacité particulière aux femmes de sa race, elle ralluma le feu et prépara le déjeuner.

Les deux hommes la laissèrent faire en souriant, jetèrent leur rifle sur l’épaule, et partirent en quête de gibier.

Quand ils retournèrent au camp, le repas était prêt.

Après avoir mangé, Valentin alluma sa pipe indienne, s’assit au pied d’un arbre, et s’adressant à la jeune femme :

— Comment se nomme ma sœur ? lui dit-il.

Tonameyotl (le rayon de soleil), répondit-elle avec un joyeux sourire qui découvrit la double rang de perles qui ornait sa bouche.

— Ma sœur porte un beau nom, répondit Valentin ; elle appartient sans doute à la grande nation des Apaches ?

— Les Apaches sont des chiens, répondit-elle d’une voix sourde avec un éclair de haine dans le regard, les femmes comanches leur tisseront des jupons.