Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/282

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Mais ceux-ci supportèrent tout sans qu’un froncement des sourcils ou une contraction des traits du visage témoignassent de leurs souffrances.

Quand le tatouage fut terminé, les plaies furent cautérisées avec du bois pourri, afin d’empêcher la suppuration.

Puis les blessures furent lavées avec de l’eau froide dans laquelle on avait fait infuser une herbe appelée pockqueesegou, plante qui ressemble au buis et que les Indiens mêlent beaucoup à leur tabac pour en ôter la force.

L’épreuve que nous venons de décrire est si douloureuse à supporter, que presque toujours elle ne s’accomplit que par intervalles et dure souvent une semaine.

Cette fois les chasseurs la supportèrent bravement pendant plus de six heures qu’elle dura, sans jeter un cri, sans donner un signe de faiblesse ; aussi les Indiens les considérèrent-ils, à partir de ce moment, avec une espèce de respect ; car pour eux le courage est la première des qualités.

— Mes frères sont enfants de la tribu, dit le chef en leur offrant à chacun un cheval ; la prairie leur appartient. Ce coursier les portera aux limites les plus éloignées du désert, à la chasse des bêtes fauves et à la poursuite des chiens apaches.

— Bon, répondit Valentin.

D’un bond les deux chasseurs se mirent en selle et firent exécuter à leurs montures les plus élégantes et les plus difficiles courbettes.

Cette dernière et héroïque prouesse, après tout ce qu’ils avaient souffert pendant le cours de cette journée, porta à son comble la joie et l’enthousiasme des