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VI.

Le Missionnaire.

Avec le temps les relations étaient encore devenues plus étroites, les rapports plus amicaux entre les Indiens et les chasseurs.

Dans le désert, la force physique est la qualité la plus prisée. L’homme, contraint de lutter constamment contre les dangers de toutes sortes qui surgissent à chaque instant devant lui, doit ne chercher qu’en lui-même les moyens de les combattre et de les surmonter : aussi les Indiens professent-ils un profond mépris pour les natures rachitiques et les esprits faibles et craintifs.

Valentin avait facilement persuadé à l’Unicorne de s’emparer, pendant la chasse aux chevaux sauvages, des magistrats mexicains, afin d’en faire plus tard des otages, si la conjuration avortait.

Ce que le chasseur avait prévu arriva : le Cèdre-Rouge avait opposé la ruse à la ruse, et, ainsi que nous l’avons rapporté, don Miguel avait été arrêté au milieu de son triomphe, au moment même où il croyait être le maître du Paso del Norte.

Après que Valentin, Curumilla et don Pablo eurent vu, cachés sous les buissons, défiler devant eux la lugubre escorte qui conduisait prisonnier don Miguel à Santa-Fé, ils tinrent conseil.

Les instants étaient précieux. Les conspirateurs ont, au Mexique, sur les autres criminels, le triste privilége d’être jugés vite et de ne pas languir ; il fallait sauver le prisonnier.

Valentin, avec cette promptitude de décision qui faisait le point saillant de son caractère, eut en quel-