Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/320

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L’Unicorne fixa un regard soupçonneux sur le gouverneur.

— Mon père a parlé sagement, répondit-il après un instant ; demain, à la douzième heure, je viendrai prendre la réponse définitive des Visages Pâles. Mais mon père me promettra de ne pas ordonner le supplice de ses prisonniers avant de m’avoir signifié ses intentions définitives.

— Soit, répondit le général ; mais que feront jusque-là les Comanches ?

— Ils sortiront de la ville comme ils y sont entrés et camperont dans la plaine.

— Qu’il en soit ainsi !

— Le Maître de la vie a entendu la promesse de mon père ; s’il manque à sa parole, s’il a la langue fourchue, le sang versé retombera sur sa tête.

Le Comanche prononça ces paroles d’un ton significatif qui fit intérieurement tressaillir le général, puis il s’inclina devant l’assemblée et sortit de la salle ainsi que ses compagnons.

Arrivés sur la place, les chefs remontèrent à cheval et se replacèrent à la tête de leurs guerriers.

Une heure plus tard, les Comanches avaient quitté la ville et étaient campés à deux portées de fusil des murs, sur les bords de la rivière.

C’était à la suite de cette entrevue avec le gouverneur de Santa-Fé que l’Unicorne avait eu avec Valentin la conversation que nous avons rapportée plus haut.

Cependant, lorsque les officiers mexicains furent seuls avec le général, le courage leur revint tout à coup, et ils lui reprochèrent le peu de dignité qu’il avait montrée en face des Indiens et surtout la promesse qu’il leur avait faite.