Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/366

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Vous en parlez bien à votre aise, señor padre, répondit le gambusino avec mauvaise humeur ; et si c’est le Cèdre-Rouge ?

— Raison de plus pour lui ouvrir ; si vous hésitez, il aura des soupçons sur vous, et alors, prenez-y garde, il est homme à vous tuer comme un chien.

— C’est possible ; mais vous, croyez-vous donc que vous vous en tirerez les mains nettes ?

Fray Ambrosio le regarda, haussa les épaules, mais ne répondit pas.

— Ouvrirez-vous, demonios ! cria une voix rauque.

— Cèdre-Rouge ! firent les deux hommes.

— On y va ! répondit Andrès d’une voix que la peur faisait trembler.

Il se leva à contre-cœur et se dirigea à pas lents vers la porte, à laquelle le squatter donnait des secousses capables de l’enlever de ses gonds.

— Un peu de patience, caballero, dit le gambusino de ce ton patelin particulier aux Mexicains lorsqu’ils ruminent quelque fourberie ; j’arrive, j’arrive.

Et il se mit en devoir d’ouvrir la porte.

— Dépêchez-vous, by God ! hurla le squatter, le temps presse.

— Hum ! c’est bien lui ! pensa à part lui le gambusino. Qui êtes-vous ? demanda-t-il.

— Comment, qui je suis ! s’écria le Cèdre-Rouge en bondissant de colère ; ne m’avez-vous pas reconnu, mille tonnerres ! ou bien voulez-vous vous moquer de moi ?

— Je ne veux me moquer de personne, répondit imperturbablement Andrès ; mais je vous avertis que bien que je croie vous reconnaître, si vous ne me dites pas votre nom je ne vous ouvrirai pas : la nuit est trop avancée pour que je risque ainsi d’in-