Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/393

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Ils passèrent.

La sentinelle, saisie à l’improviste par Curumilla, fut garrottée et bâillonnée en un tour de main.

Toutes les autres sentinelles eurent le même sort.

Les Mexicains se gardent fort mal en campagne, même en face de l’ennemi.

Aussi à plus forte raison, lorsqu’ils croient n’avoir rien à craindre, négligent-ils toutes précautions.

Tout le monde dormait.

Valentin et sa troupe étaient maîtres du camp.

Le régiment de dragons avait été surpris sans coup férir.

Les compagnons de Valentin mirent pied à terre.

Ils savaient de quelle façon ils devaient agir ; ils ne s’écartèrent pas des instructions que le Français leur avait données.

Ils allèrent de piquet en piquet, réunissant les chevaux qu’ils faisaient, au fur et à mesure, sortir du camp.

En moins de vingt minutes, tous les chevaux furent enlevés.

Valentin avait suivi avec anxiété les mouvements de ses compagnons ; lorsqu’ils eurent terminé, il souleva le rideau de la tente où reposait le colonel.

Alors il se trouva en face de l’Unicorne.

Une chevelure sanglante pendait à la ceinture du chef.

Valentin ne put réprimer un geste d’horreur.

— Qu’avez-vous fait, chef ? dit-il d’un ton de reproche.

— L’Unicorne a tué son ennemi, répondit péremptoirement le Comanche. Quand le chef des antilopes est tué, ils se dispersent, ainsi feront les Gachupines.

Valentin s’approcha du colonel.

Le malheureux, horriblement mutilé, le crâne à vif et le cœur traversé par le couteau de l’implacable In-