Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/410

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

discours furent terminés, le général se leva, demanda le silence et prit la parole :

— Caballeros, dit-il d’une voix tremblante d’émotion, et que malgré tous ses efforts il ne parvenait pas à dompter, nous sommes tous ici des gens de cœur, nous avons fait nos preuves dans maintes circonstances difficiles. Certes, s’il ne s’agissait que de sacrifier notre vie pour sauver cette malheureuse population, nous n’hésiterions pas à le faire, noblesse oblige, et nous sommes trop imbus de la sainteté des devoirs que nous avons à remplir pour reculer ; mais, hélas ! ce sacrifice serait inutile et ne sauverait pas du danger qui les menace ceux que nous voulons avant tout protéger. Traitons donc avec les barbares, puisque nous sommes livrés à nos propres forces et que nous ne pouvons les vaincre. Peut-être, de cette façon, parviendrons-nous à éviter aux femmes et aux enfants dont le salut nous est confié le danger qui les menace. En agissant ainsi dans les graves circonstances dans lesquelles nous nous trouvons, si nous n’obtenons pas entièrement ce que nous désirons, nous aurons au moins la consolation d’avoir fait notre devoir.

De chaleureux applaudissements accueillirent cette péroraison, et le gouverneur, se tournant vers l’huissier qui se tenait immobile à la porte de la salle, lui donna l’ordre d’introduire les principaux chefs indiens.