Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/421

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— Ooah ! fit l’Indien sans témoigner autrement sa surprise.

— Oui, reprit le général qui s’animait, j’aurais honte d’y souscrire, j’aurais l’air de ne céder que sous la pression des menaces ; non, cela ne se peut, les deux hommes que vous réclamez sont coupables, ils mourront, et si vous prétendez vous opposer à l’exécution de la juste sentence du tribunal qui les a condamnés, eh bien, nous nous défendrons, et Dieu protégera la bonne cause.

Les officiers mexicains applaudirent chaleureusement à cette réponse hautaine, qu’ils étaient loin d’attendre de leur chef ; ils sentirent renaître leur courage, et ne désespérèrent pas d’obtenir des conditions meilleures.

Un sourire de dédain plissa les lèvres orgueilleuses du chef.

— Bon, répondit-il, mon père parle bien haut. Les Coyotes sont audacieux lorsqu’ils chassent en troupe le bison. Mon père a bien réfléchi, il est déterminé à subir les conséquences de sa réponse ; c’est la guerre qu’il veut ?

— Non, interrompit vivement le gouverneur, Dieu m’en garde ! je serais heureux de terminer à l’amiable cette affaire avec vous, chef, mais l’honneur me défend de souscrire aux propositions honteuses que vous n’avez pas craint de me faire.

— Est-ce bien l’honneur, en effet, qui a dicté la réponse de mon père ? fit ironiquement l’Indien ; il me permettra d’en douter ! Enfin, quelle que soit la raison qui le guide, je n’ai plus qu’à me retirer ; mais, avant de le faire, je lui donnerai des nouvelles d’un ami qu’il attend avec impatience sans doute.