Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/428

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— Venez ! venez ! s’écria le général Ventura, ce trou est hideux, n’y restez pas davantage.

— Ah ! fit amèrement don Miguel, vous trouvez ce trou hideux ; vous avez été bien longtemps à vous en apercevoir, car voilà près d’un mois que nous l’habitons, sans que jusqu’ici la pensée vous soit venue de vous en inquiéter.

— Ne m’en veuillez pas, don Miguel, répondit vivement le gouverneur ; c’est bien contre mon gré que vous avez été si longtemps détenu ; s’il n’avait tenu qu’à moi, depuis longtemps vous seriez libre ; mais, grâce à Dieu, tout est fini à présent ; j’ai réussi à vous faire rendre justice. Venez, sortons ; ne restez pas un instant de plus dans ce bouge infect.

— Pardon, caballero, dit froidement don Miguel ; mais, si vous le permettez, nous resterons encore ici quelques instants.

— Pourquoi donc cela ? demanda le général Ventura en écarquillant ses gros yeux avec surprise.

— Vous allez l’apprendre.

Don Miguel désigna un siége au gouverneur et s’assit lui-même ; le général Ibañez l’imita.

Il y eut quelques minutes d’un silence profond entre ces trois hommes qui cherchaient à sonder leurs plus secrètes pensées.

— J’attends qu’il vous plaise de vous expliquer, dit enfin le gouverneur, qui avait hâte de sortir et que le temps pressait.

— C’est ce que je vais faire, répondit don Miguel. Vous venez nous annoncer que nous sommes libres, monsieur ; mais vous ne nous dites pas à quelles conditions.

— Comment, à quelles conditions ? fit le gouverneur, qui ne comprenait pas.