Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/437

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L’inconnu secoua tristement la tête.

Il y eut un instant de silence.

Cette réunion de trois cavaliers dont l’un était masqué, dans cette campagne déserte, où nul bruit ne troublait l’imposant silence de la solitude, avait quelque chose d’étrange.

Enfin l’inconnu reprit la parole :

— Deux mois se sont écoulés, don Miguel, dit-il, depuis que, grâce à la trahison du Cèdre-Rouge, vous avez été arrêté et fait prisonnier au Paso del Norte. Bien des événements que vous ignorez se sont passés depuis cette époque ; mais il en est un surtout dont je dois vous instruire. Le soir même de votre arrestation, au moment où vous rendiez vos armes, votre fille était enlevée par le Cèdre-Rouge.

— Ma fille ! s’écria l’hacendero ; et Valentin auquel je l’avais confiée et qui m’en avait répondu ?

— Valentin avait fait l’impossible pour la sauver, mais que peut un homme contre vingt ?

Don Miguel baissa tristement la tête.

— Après des recherches longtemps infructueuses et des efforts inouïs, un homme, providentiellement aidé par le père Séraphin, était enfin parvenu, la nuit passée, à enlever doña Clara à ses ravisseurs ; mais le Cèdre-Rouge, averti par un hasard incompréhensible, s’est introduit dans la maison où la jeune fille était réfugiée, et s’en est emparé de nouveau.

— Oh ! je me vengerai de cet homme ! s’écria l’hacendero avec colère.

Les yeux de l’inconnu lancèrent un fulgurant éclair à travers les trous de son masque.

— Vous retrouverez auprès de Valentin votre fils et le père Séraphin ; le Cèdre-Rouge doit ce soir partir, à