Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/438

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la tête d’une troupe de gambusinos, pour aller dans les déserts du Rio-Gila à la recherche d’un placer que son complice le moine Ambrosio lui a révélé.

— Fray Ambrosio ! dit l’hacendero avec stupeur.

— Oui, votre ancien chapelain, celui qui servait d’espion au squatter, lui révélait vos projets et lui fournissait les moyens d’entrer dans votre hacienda afin d’enlever votre fille.

— Bon ! répondit don Miguel d’une voix creuse, je me souviendrai.

— Le Cèdre-Rouge, je ne sais dans quel but, emmène votre fille avec lui dans les prairies.

— Je le suivrai, quand il faudrait faire mille lieues à sa suite, dit résolument don Miguel. Merci à vous qui m’avez si bien instruit ! Mais d’où vient l’intérêt que vous me portez si gratuitement, puisque, dites-vous, je ne vous connais pas ?

— Plus tard vous le saurez, don Miguel ; maintenant, avant que je vous quitte, un dernier mot, une suprême recommandation.

— Je vous écoute attentivement, caballero.

— Ne parlez à qui que ce soit, pas même au chasseur français, pas même à votre fils, de notre rencontre ; que ce secret meure dans votre sein. Lorsque vous serez arrivé là-bas dans l’Ouest lointain, si vous apercevez devant vous, dans un de vos campements, un morceau de chêne-acajou portant l’empreinte d’un fer à cheval, levez-vous à l’heure de minuit, sortez du camp sans être vu ni suivi de personne ; quand vous serez à cent pas dans les hautes herbes, sifflez trois fois, un sifflet pareil vous répondra, et alors vous apprendrez bien des choses qu’il vous importe de savoir, mais que je ne puis vous dire aujourd’hui.