Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/446

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— Bien, répondit Fray Ambrosio, nous veillerons.

— J’y compte, ou sinon, je ne donnerai pas un cuartillo de votre peau maudite, mon révérend père.

Après avoir prononcé ces aimables paroles, le squatter saisit la cruche de mezcal, la vida d’un trait et la jeta à toute volée à travers la salle, où elle se brisa en éclats, à la grande joie du bandit.

— Allons, au revoir et à demain ! dit-il. Venez, Nathan.

— Au revoir ! répondirent-ils.

Le squatter et son fils sortirent du rancho, dont la porte fut soigneusement verrouillée derrière eux.

Le père et le fils marchaient silencieux auprès l’un de l’autre.

Ils étaient plongés dans de sombres réflexions causées par les événements de la nuit.

Ils furent bientôt hors de la ville. La nuit était sombre, mais les ténèbres n’existaient pas pour les squatters, habitués à se diriger dans toutes circonstances sans courir le risque de s’égarer jamais.

Ils marchèrent ainsi assez longtemps, le rifle sur l’épaule, sans échanger une parole, mais prêtant l’oreille aux moindres bruits de la nuit et sondant à chaque instant les ténèbres de leurs yeux de chat-tigre.

Tout à coup, dans le silence, ils entendirent le pas ferme d’un homme qui s’avançait à leur rencontre.

Les squatters armèrent leurs rifles, afin d’être prêts à tout événement.

Au bruit sec produit par l’échappement de la détente, une voix se fit entendre, bien que celui à qui elle appartenait fût encore invisible.

— Que mes frères ne tirent pas, ils tueraient un ami !