Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/455

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rêt, et une cinquantaine de coups de feu éclatèrent, tirés des deux rives à la fois et illuminant la scène de lueurs fugitives et sinistres.

Une foule de Peaux Rouges se rua sur les gambusinos ; une mêlée terrible s’engagea.

Les Mexicains, pris à l’improviste, se défendirent d’abord mollement, lâchant pied et cherchant un abri derrière les arbres, mais obéissant à la voix tonnante du squatter, qui faisait des prodiges de valeur, tout en excitant ses compagnons à vendre chèrement leur vie, ils reprirent courage, se formèrent en escadron serré et chargèrent les Indiens avec furie, luttant corps à corps avec eux, les assommant à coup de crosses ou les poignardant avec des machetes.

Le combat fut court.

Les Peaux Rouges, qui n’étaient qu’un parti de maraudeurs pawnies, voyant le mauvais résultat de leur surprise, se découragèrent et disparurent aussi vite qu’ils étaient apparus.

Cinq minutes plus tard, le calme et le silence étaient si complétement rétablis, que, si quelques gambusinos n’avaient pas été blessés, et si plusieurs Indiens n’étaient pas restés étendus sur le champ de bataille, cette scène étrange aurait pour ainsi dire pu sembler un rêve.

Dès que les Indiens furent en fuite, le Cèdre-Rouge jeta un regard avide sur le fleuve.

De ce côté aussi la lutte était terminée. La Plume-d’Aigle, monté en croupe derrière la jeune Espagnole, guidait son cheval vers le rivage, qu’il ne tarda pas à atteindre.

— Eh bien ? lui demanda le squatter.

— Les Pawnies sont des Coyotes sans courage, ré-