Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/77

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l’épaule, il s’avança résolument au-devant des squatters.

Ceux-ci, étonnés du courage de cet homme qui, seul, osait tenter ce que ses compagnons avaient renoncé à faire, le laissèrent arriver jusqu’auprès d’eux sans faire le moindre geste.

Lorsque don Miguel se trouva à deux pas du vieux squatter, il s’arrêta, posa à terre la crosse de son rifle, et ôtant son chapeau :

— Me reconnaissez-vous, Cèdre-Rouge ? lui dit-il.

— Don Miguel de Zarate ! s’écria le bandit avec surprise.

— Puisque le juge m’abandonne, continua l’hacendero, qu’il a fui lâchement devant vos menaces, je suis obligé de me faire justice moi-même, et, vive Dieu ! je me la ferai. Cèdre-Rouge, je vous somme comme propriétaire de cette forêt, dans laquelle vous vous êtes établi sans mon autorisation, d’en partir au plus vite.

Les jeunes gens murmurèrent entre eux quelques paroles de menace.

— Silence ! dit Cèdre-Rouge ; laissez parler le caballero.

— J’ai fini et j’attends votre réponse.

Le squatter parut profondément réfléchir pendant quelques minutes :

— La réponse que vous exigez est difficile à faire, dit-il enfin, ma position n’est pas libre vis-à-vis de vous.

— Pourquoi cela ?

— Parce que je vous dois la vie.

— Je vous dispense de toute reconnaissance.

— C’est possible, vous êtes libre d’agir ainsi, mais,