Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/86

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amis qui sont des gens d’honneur dont je ne veux pas que la vie soit compromise par votre trahison ?

— Je serais curieux de savoir le moyen que vous emploierez pour obtenir ce résultat.

— Vous allez le voir, répondit impassiblement don Miguel.

— Voyons !

— Je vous tuerai.

— Oh ! oh ! fit le squatter en jetant un regard de complaisance sur ses membres nerveux ; ce n’est pas facile, cela.

— Plus facile que vous ne le supposez, mon maître.

— Hum ! Et quand comptez-vous me tuer ?

— Tout de suite !

Les deux hommes étaient assis devant le foyer, chacun à l’extrémité d’un banc ; la table était entre eux, mais un peu en arrière, de sorte qu’en causant ils appuyaient seulement le coude dessus.

En prononçant sa dernière parole, don Miguel bondit comme un tigre, s’élança sur le squatter, qui ne s’attendait nullement à cette attaque, le saisit à la gorge et le renversa en arrière.

Les deux ennemis roulèrent ensemble sur le sol raboteux du jacal.

L’attaque du Mexicain avait été si vive et si bien combinée que le squatter à demi étranglé ne put, malgré sa force herculéenne, se débarrasser de l’étreinte de fer de son ennemi, qui lui serrait la gorge comme dans un étau.

Le Cèdre-Rouge ne put proférer un cri ni opposer la moindre résistance ; le genou du Mexicain lui brisait la poitrine tandis que ses doigts lui entraient dans la gorge.

Dès qu’il eut réduit le misérable à une impuissance