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Le Forestier, par Gustave Aimard

— Gaston, duc de.

— Ne prononcez pas d’autre nom ici que celui porté maintenant par cet homme ! interrompit la voix rude.

— Bien parlé, cordieu ! s’écria gaiement le jeune homme qu’importent ces noms et ces titres ! Le personnage que vous avez nommé est mort depuis longtemps, mort de désespoir, de honte et de rage impuissante, ajouta-t-il avec un mouvement de rage puis, après une seconde, il reprit avec amertume L’homme qui est devant vous porte un nom et des titres qui sont assez connus, il me semble, parmi ses ennemis et ses amis, s’il lui en reste encore.

— Vous avez raison, reprit la voix douce avec un accent d’ineffable tristesse n’est donc au capitaine Laurent, au célèbre boucanier, a l’émule de Montbarts, de Ourson, de Barthélemy et de tous les héros de la flibuste, que je m’adresserai seulement.

— Hum ! vous me connaissez un peu plus qu’il ne convient à ma sûreté personnelle, vous que moi je connais si peu.

— Peut-être, cela dépendra de la franchise avec laquelle vous répondrez aux questions que nous vous adresserons.

— Voyons ces questions si elles ne se rapportent qu’à moi, je ne ferai aucune difficulté de vous répondre, mais si elles doivent compromettre d’autres personnes, dussiez-vous me faire écarteler ou écorcher vif, je ne dirai pas un mot ; vous voilà prévenus ; maintenant faites ce que vous voudrez.

— Ces questions n’auront trait qu’à vous et à vos affaires personnelles.

— Alors, parlez.

— Il y a deux mois, la Jamaïque, ou vous vous trouviez alors en relâche, avec le bâtiment que vous commandiez, dans une taverne, un individu auquel vous aviez rendu un service vous a averti que le gouvernement anglais avait résolu de s’emparer de votre personne et de confisquer votre navire.

— C’est vrai, mais j’ai appareillé le soir même et je suis retourné Leogane, après avoir amariné une caravelle anglaise en représailles de la trahison dont j’avais failli être victime.

— En posant le pied sut le débarcadère de Leogane, un homme que vous ne connaissiez pas et qui vous attendait vous a pris à part, et après vous avoir montré un signe qui vous a fait tressaillir, a eu une longue conversation avec vous.

— C’est parfaitement exact.

— Quel était ce signe ?

— Vous devez le connaitre, puisque vous êtes si bien instruit.

— Ce signe était une bague dont le chaton représentait une tête de mort