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Le Forestier

— Quant à moi, reprit Michel, je tiens essentiellement à la corvette.

— Tu l’auras.

— Vous me le promettez ?

— Sur l’honneur, avant huit jours.

— Merci ! répondit-il avec conviction.

Ces deux lions ne doutaient jamais de rien ; ce que l’un ou l’autre promettait était non pas chose dite, mais faite,

— Dites-moi, José, faites-moi le plaisir, vous qui connaissez le pays, de vous informer d’un individu nommé Pedro Serrano, reprit Fernan.

— Qui est-il et que fait-il, capitaine ?

— Qui il est ? un bandit de la pire espèce ; ce qu’il fait ? je l’ignore ; mais je sais de source certaine qu’il doit habiter Panama ou ses environs.

— Depuis combien de temps ?

— Treize ou quatorze ans à peu prés.

— Vous avez un grand intérêt à découvrir cet homme ?

— Un immense. C’est pour lui seul que j’ai tenté l’expédition désespérée que je fais aujourd’hui.

— C’est bien, capitaine, je le découvrirai, fût-il caché dans les entrailles de la terre.

— Retenez bien ceci, José, mon ami, le jour où vous m’aurez trouvé cet homme ; vous me connaissez, n’est-ce pas ?

— Oui, capitaine, je vous connais, je vous aime et je vous admire.

— Eh bien, José, ce jour-là, demandez-moi la chose la plus folle, la plus impossible même, et je vous engage ma foi de gentilhomme et de Frère de la Côte que cette chose, je vous la donnerai.

— Est-ce sérieusement que vous parlez, capitaine ? s’écria le guide dont l’œi tança un fulgurant éclair.

— Je n’ai jamais parlé plus sérieusement ; voici ma main, José.

— C’est chose faite, capitaine, je trouverai cet homme.

— Tenez votre parole, je tiendrai ta mienne.

— Prenez ma main, José ; lorsque Laurent s’engage, moi aussi, je suis engagé ; je ne sais de qui il veut parler, mais peu importe ; découvrez ce misérable et comptez sur moi comme sur Laurent.

— Merci ! capitaine Michel, répondit le guide avec une émotion étrange chez un homme ordinairement si maitre de lui.

— Nos gens tardent bien, dit Laurent tout en bourrant sa pipe.

— Il est six heures, capitaine, avant une demi-heure ils seront ici ! mais pardon, ne fumez pas, je vous prie, l’odeur nous trahirait.