mât de misaine, le pavillon de la flibuste devant seul être hissé à la corne avais-je tort ?
— Cordieu tu avais cent fois raison, frère, le pavillon de la flibuste est notre pavillon national à nous autres.
— M. d’Ogeron a été de ton avis et du mien, il m’a chaudement appuyé.
— le reconnais là le bon et grand cœur de M. d’Ogeron ; en somme, quel amiral a-t-on nommé ?
— Montbarts, et comme capitaine de pavillon, Ourson Tête-de-Fer.
— Montbarts et Ourson ! vive Dieu ! frère, c’est un coup du ciel ; avec ces deux hommes, nous prendrions toute l’Amérique, si nous voulions.
— Comme tu y vas, frère
— Et quel est le vice-amiral ?
— Morgan.
— Allons, tout va bien le choix est heureux Morgan est brave, intelligent, instruit ; il est surtout homme de détail, qualité qui nous sera précieuse.
— Ainsi, tu es content ?
— C’est-à-dire que je suis enchanté.
— Ah ! à propos, j’oubliais.
— Quoi donc ?
— Tu sais que la flotte des galions du Pacifique se réunit ici, à Panama ?
— Oui, eh bien ?
— Elle arrivera dans quinze jours au plus tard.
— Comment, malheureux s’écria Laurent en bondissant, tu oubliais de me dire cela
— Ma foi ! oui, je l’avais complètement oublié.
— Mais c’est la meilleure nouvelle que tu pouvais me donner.
— Comment cela ?
— Comprends donc lorsque nos frères sauront la présence ici des galions, rien ne pourra leur résister ; ils passeront, s’il le faut, au travers du feu, pour s’en emparer.
— Cordieu ! tu as raison, je n’y avais pas songé.
En ce moment Michel entra.
— Il faut vous habiller, dit-il.
— Les chevaux sont là ?
— Oui.
— Bien ! je suis à toi.
— Je te laisse, dit Vent-en-Panne.
— Tu dînes avec moi ?