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— C’est-à-dire que Votre Majesté désire tourner la difficulté.

— C’est cela ; et voici le moyen que j’ai trouvé il est fort simple et réussira inévitablement.

— J’écoute, sire.

— Je contracte avec doña Cristiana un mariage secret !

— Un mariage secret !

— Oui. Il me naît un fils ; immédiatement mon mariage est reconnu publiquement et mon fils déclaré héritier de ma couronne ; et comme toujours, le comte-duc d’Olivarès, bien qu’en enrageant, car il doit avoir en tête quelque autre projet de mariage, est obligé de s’incliner ; mais il faut nous hâter avant qu’il soit averti, car il a des espions bien habiles.

— Un mariage secret, sire !

— Je le sais bien, mais il n’y a pas d’autre moyen et puis c’est une affaire d’un an au plus bien que non officiellement reconnue, doña Cristiana aura rang à la cour.

— Si la chose doit se faire ainsi, je désirerais, au contraire, sire, que ma fille continuât à habiter mon palais ; elle attirera moins les regards sur elle.

— Vous avez raison, mon cousin, cela vaut mieux ainsi ; maintenant, vous avez ma parole royale en garantie de ma promesse. Consentez-vous, duc ?

— Il le faut bien, sire.

— Sans arrière-pensée, au moins ?

— Sans arrière-pensée, sire, et aussi loyalement que Votre Majesté elle-même.

— Voilà qui va bien alors ; ne dites rien à ces dames de notre conversation jusqu’à ce que je vous aie revu à Madrid je désire surprendre ma charmante doña Cristiana.

— Il sera fait selon votre désir, sire ; Votre Majesté m’autorise-t-elle à lui adresser une requête ?

— Tout ce que tu voudras, mon cousin elle est accordée d’avance, dit gracieusement le roi. De quoi s’agit-il ?

— D’un pauvre prêtre, sire, desservant de l’église du village qui se trouve à mi-côte de la montagne il a été l’instituteur de mes enfants, c’est un homme selon l’Évangile, très attaché à ma famille, je désirerais ne pas me séparer de lui.

Sans répondre, le roi attira à lui une feuille de papier, écrivit une cédule qu’il signa et au bas de laquelle il apposa le chaton d’une bague qu’il portait