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— Le Renard-Bleu ne va pas au-devant de son ami, parce que celui-ci n’est pas seul et qu’il a autour de lui des ennemis du chef.

— C’est différent, je comprends que cela doive vous engager à la prudence.

— Bon, continua l’Indien avec un sourire sardonique, la sagesse parle par la bouche de mon père, c’est bien un chef de la prière, ses lèvres distillent le miel le plus pur.

Fray Antonio se rengorgea, son inquiétude commençait à se dissiper ; il entrevoyait vaguement que le Peau-Rouge voulait lui demander quelque chose, qu’il avait besoin de lui en un mot ; cette pensée lui rendait courage ; il voulut compléter l’effet qu’il croyait avoir produit sur l’esprit de son machiavélique interlocuteur.

— Ce que mon frère ne peut faire, je puis, moi, l’entreprendre, dit-il d’une voix insinuante.

L’Apache lui lança un regard perçant.

— Oach ! répondit-il, mon père sait-il donc où rencontrer l’ami du chef ?

— Comment voulez-vous que je le sache, se récria le moine, vous ne m’avez pas encore dit son nom.

— C’est vrai, mon père est bon, il pardonnera ; il ne connaît pas encore le chasseur pâle ?

— Je le connais peut-être ; mais, jusqu’à présent, j’ignore de qui le chef veut parler.

— Le Renard-Bleu est riche, il a de nombreux chevaux, il peut sous son totem rassembler cent guerriers et dix fois, vingt fois davantage, mon père veut-il servir le sachem, il sera reconnaissant.

— Je ne demande pas mieux que de vous être agréable, chef, si cela est en mon pouvoir, mais en-