Page:Aimard - Les Francs-tireurs, 1866.djvu/59

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— Dame, vous voyez, dans une superbe prairie, au bord d’un ruisseau limpide, répondit l’aventurier d’un air goguenard.

— Trêve d’insolence, drôle, et répondez catégoriquement à mes questions.

— Il me semble que ce n’est pas difficile à deviner, et qu’il ne faut pas être sorcier pour reconnaître un camp de rôdeurs des frontières.

— Ainsi, je suis au pouvoir des bandits ?

— Un peu ! fit Ruperto d’un ton railleur.

— Quel est le nom du chef dont je suis le prisonnier ?

— Le Jaguar.

— Le Jaguar ! s’écria le capitaine avec étonnement, est-ce qu’il n’est pas mort ?

— Pourquoi le serait-il, vous êtes bien vivant, vous ! Dites donc, ça a l’air de vous contrarier, hein ? Après cela c’est une justice à vous rendre, vous avez fait tout ce qui a dépendu de vous pour le tuer, et s’il vit, foi d’homme, vous n’avez pas le moindre reproche à vous adresser.

Ces paroles furent accompagnées d’un ricanement narquois qui excita au plus haut degré la colère du capitaine.

— Est-ce une nouvelle torture que prétend m’infliger votre chef, dit-il avec mépris, en m’imposant votre présence ?

— Vous méconnaissez ses bonnes intentions à votre égard ; il m’a chargé de veiller sur votre santé et de vous prodiguer les soins les plus touchants, répondit Ruperto avec ironie.

— Alors, laissez-moi, votre secours m’est inutile : je n’ai besoin de rien autre chose que de repos.