Page:Aimard - Les Francs-tireurs, 1866.djvu/66

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— Bien ! s’écria avec entraînement le capitaine, vous êtes un homme de cœur, Jaguar, et quoi qu’il arrive je serai toujours heureux d’avoir serré votre main loyale et d’être digne de compter au nombre de vos amis. Oui, j’ai pour Carméla un amour profond et sincère ; pour un sourire de ses lèvres roses je donnerais ma vie avec joie ; mais je vous le jure, je suivrai le noble exemple que vous me donnez, et la lutte de mon côté sera aussi loyale que du vôtre !

— Vive Cristo ! fit le jeune homme avec une joie franche et naïve, je savais bien que nous finirions par nous entendre.

— Il ne nous fallait pour cela, répondit en souriant le capitaine que l’occasion de nous expliquer.

— Canarios ! j’espère qu’elle ne se renouvellera pas dans les mêmes conditions, c’est un véritable miracle que nous soyons encore vivants.

— Je ne serais nullement curieux de recommencer l’épreuve.

— Certes, ni moi, je vous le jure. Mais le soleil décline rapidement à l’horizon ; je n’ai pas besoin de vous dire que vous êtes libre et maître d’aller où bon vous semble, si votre intention n’est pas de demeurer plus longtemps parmi nous ; j’ai fait préparer un cheval que vous me permettrez de vous offrir.

— Je l’accepte de grand cœur ; je ne veux pas avoir de fausse honte avec vous, et à pied dans ces régions qui me sont inconnues, je me trouverais assez empêché.

— Que cela ne vous inquiète pas, je vous donnerai un guide qui vous accompagnera jusqu’à ce que vous soyez dans la bonne route.