Page:Aimard - Les Francs-tireurs, 1866.djvu/76

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un caractère révolutionnaire tellement tranché, que le président de la république jugea urgent de faire une démonstration efficace. Malheureusement il était trop tard, le mécontentement s’était propagé de proche en proche ; il ne s’agissait déjà plus de réprimer une révolte, mais bien d’étouffer une révolution, ce qui n’est pas du tout la même chose.

Le président de la république mexicaine apprit alors à ses dépens que, dans toute question humaine, il y a quelque chose de plus puissant que la force brutale des baïonnettes : c’est l’idée dont le temps est venu et l’heure est sonnée. Les troupes expédiées au Texas furent battues, refoulées de toutes parts. Bref, elles se virent contraintes à reculer pas à pas devant l’émeute, à traiter avec elle et à se retirer honteusement.

Le gouvernement ne pouvait et ne voulait pas accepter un aussi flétrissant échec infligé par des bandes mal armées et mal disciplinées ; il se résolut à tenter un dernier et décisif effort.

Des troupes nombreuses furent massées sur les frontières texiennes, et autant pour en imposer aux révoltés, que pour en finir d’un seul coup avec eux, on déploya un grand appareil militaire.

Mais alors la guerre changea de face : les Texiens, Américains du Nord pour la plupart, adroits chasseurs, marcheurs infatigables et tireurs d’une adresse proverbiale, se fractionnèrent en petites troupes, et au lieu d’offrir à l’armée mexicaine un front de bataille, qui lui eût permis de manœuvrer et de les anéantir, ils commencèrent une guerre de haies, de ruses et d’embuscades à la mode vendéenne, qui eut pour premier