Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/11

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cages, dit l’haciendero. Si ces misérables osent se présenter, ils auront à qui parler !

Julian écoutait la tête basse et l’air pensif, mais sans se mêler par aucune observation pour ou contre aux paroles du docteur d’Hérigoyen et de don Cristoval de Cardenas.

— Voyons, dit le docteur, donne-nous ton avis, fils, que penses-tu que nous devions faire ?

— Je ne pense rien encore, mon père, puisque aucune proposition sérieuse n’a encore été faite…

— Comment ! aucune proposition sérieuse ! se récria le docteur. N’as-tu pas entendu que je me fais fort d’amener des renforts soit d’Urès, soit de Paso del Norte ?

— Si, mon père, j’ai parfaitement entendu cela.

— Eh bien, tu ne trouves pas cette proposition sérieuse ?

— Pas le moins du monde, excusez ma franchise.

— Très bien, maintenant dis-nous ta raison ?

— Il y en a plusieurs.

— Soit, dis-nous-les toutes.

— Je vous obéis. D’abord, mon père, vous oubliez que nous sommes ici dans l’Arizona ; après cela, peut-être l’ignorez-vous ?

— Non, je sais parfaitement où nous sommes, mais qu’importe cela ?

— Beaucoup, mon père, parce que si sauvage et si inconnu que soit l’Arizona, ce pays, ancien État mexicain, appartient actuellement aux États-Unis, et que si les Français venaient à la Florida autrement qu’en visiteurs et qu’en amis, c’est-à-dire pour défendre l’hacienda contre les bandits des savanes, par ce seul fait, ils violeraient le territoire des États-Unis ; ce qui pourrait amener une déclaration de guerre du gouvernement de Washington.

— Ah ! diable ! c’est vrai. Je n’avais pas songé à cela. Les espions américains ne manquent pas sur la frontière.

— J’admets pour un instant que le gouverneur français d’Urès passe outre, se réservant d’expliquer plus tard comment et pourquoi ses troupes ont été expédiées à