dérouter ses ennemis et de les affaiblir en les obligeant à se diviser, dit le mayordomo.
— Bien ! C’est cela. Combien avez-vous dans l’hacienda même d’hommes en état de bien se servir de leurs armes ?’
— De cent dix à cent vingt.
— Mettons cent. Mieux vaut prendre un minimum pour ne pas nous tromper sur nos chiffres. Et dans la Ranchéria ?
— Plus de deux cents.
— Ce qui nous fait trois cents au moins.
— Oui, Cœur-Sombre.
— Vous choisirez parmi vos vaqueros des pacages, deux cents hommes solides ; vous aurez soin de leur donner vos ordres individuellement, et vous les dirigerez isolément vers l’hacienda. Vous les ferez entrer de différents côtés, de façon à ne pas être remarqués, vous leur recommanderez surtout d’avoir la bouche cousue, toute indiscrétion pouvant, vous le comprenez, être mortelle.
— C’est compris, chasseur, rapportez-vous en à moi, tout sera exécuté comme vous le dites.
— Je le sais et je vous en remercie. Nous voilà donc déjà à la tête de cinq cents hommes dévoués et ceci est un minimum, car le nombre de nos défenseurs est évidemment supérieur à ce chiffre. Vous êtes venu avec une escorte, n’est-ce pas, mon père ? ajouta Julian en s’adressant au docteur. Comment est composée cette escorte ?
— Oui, j’ai amené avec moi trente chasseurs d’Afrique et autant de chasseurs à pied, ce qui, en comptant les deux sous-officiers commandant chaque détachement, les sergents, maréchaux de logis, caporaux et brigadiers, complète un effectif de soixante-quatorze hommes.
— Vous comptez vous rendre incessamment à Urès ?
— Tu le sais bien ; j’ai même l’intention de partir demain, ou pour mieux dire, aujourd’hui, car il est près de trois heures du matin.
— C’est juste ; vous laisserez ici la moitié de votre escorte, cavalerie et infanterie ; vous n’avez à redouter aucune attaque sur votre chemin, puisque les tribus indiennes sont alliées des Français ; seulement, au moment de