Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/23

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de main sera exécuté ; n’est-ce donc rien cela ? C’est tout bonnement vous livrer votre ennemi pieds et poings liés ; s’il vous échappe avec de tels renseignements, vous n’aurez à vous en prendre qu’à vous-même.

— Vous feriez cela ?

— Oui, sur ma parole d’aventurier, pour deux mille onces !

— Mais qui m’assure que vous ne me trahirez pas ?

— Mon intérêt d’abord ; deux mille onces ne se trouvent pas tous les jours dans la savane, sous le pas d’une mule ; puis ceci, ajouta-t-il, en arrachant de sa poitrine un sachet pendu à son cou par une chaînette d’acier.

— Qu’est cela ? demanda Julian.

— Regardez !

Le chasseur se leva, s’approcha d’une table, ouvrit le sachet et en versa le contenu dans une coupe.

Le sachet était presque plein de diamants.

— Estimez ces diamants, reprit-il, il y en a pour soixante-cinq mille piastres : ce sont toutes mes économies ; je vous les laisse en dépôt. J’ajouterai enfin, comme preuve de ma bonne foi, que je vous dois la vie, et que pour aucun prix, je ne consentirais à vous trahir.

Il y eut un assez long silence.

— C’est bien, j’accepte, dit enfin Julian. Aujourd’hui même, ce sachet et la somme promise partiront pour Hermosillo, où ils seront déposés chez un banquier, sur lequel, après la bataille, si vous avez été loyal, on vous donnera une lettre de crédit. Cela vous convient-il ?

— Oui, mais un mot encore : lorsque l’attaque commencera, vous me recevrez dans l’hacienda, où je resterai en otage. Maintenant que je suis riche, je ne me soucie pas d’être assassiné par le Mayor, ce qu’il ne manquerait pas de faire si je restais près de lui, lorsqu’il s’apercevra qu’il est trahi. J’ai toute sa confiance, et par conséquent c’est moi qu’il soupçonnera tout d’abord.

— Ce que vous demandez est juste : vous avez ma parole qu’on vous recevra dans l’hacienda.

— Je n’ai pas besoin d’autres garanties. Dans trois