Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/232

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Mais les rideaux de la litière étaient refermés.

Ils ne virent rien et passèrent sans attacher d’importance au cri sauvage qu’ils avaient entendu.

Derrière eux, les rideaux s’ouvrirent de nouveau, et la tête du Mayor reparut, poursuivant d’un regard de vipère les voyageurs, qui disparaissaient alors au tournant du chemin.

— Eh bien, demanda le matelot avec un sourire goguenard, vous l’avez vu, Mayor ; qu’en pensez-vous ? Ai-je menti à Sebastian ?

— C’est elle ! murmura le Mayor d’une voix creuse ; je suis maudit ! Elle n’est pas morte. Oh ! comment a-t-elle pu survivre ?

— Ainsi, j’avais raison ! reprit le matelot impassible.

— Oui, c’est bien elle ! Elle me vole mon enfant, ma pauvre chère petite Vanda ! ajouta-t-il les yeux pleins de larmes. Oh ! reprit-il après un court silence, d’une voix convulsive, je veux savoir où elle va. Il faut que je la retrouve ; un de nous deux est de trop sur la terre…

— Calmez-vous, Mayor, cette émotion vous fait mal. Dès que je vous aurai conduit à Sonora, je reviendrai ici, je me charge de tout savoir ; et si ce n’est à Hermosillo, je m’informerai à Guaymas, à mes anciens camarades de la Belle-Adèle : ils me renseigneront, eux.

— Ils ne pourront rien te dire, ils ne la connaissent pas.

— Bah ! il ne faut jurer de rien, j’ai reconnu près d’elle notre ancienne passagère, mademoiselle Denizà ; elles causaient toutes deux. Je ne sais pourquoi je me figure qu’elles sont amies et vont s’embarquer ensemble à Guaymas pour retourner en France.

— Le crois-tu ?

— Je le suppose ; sans cela que viendraient-elles faire ici ?

— C’est vrai, murmura le Mayor.

— Je m’informerai ; et si je ne découvre pas la vérité, dites que je suis un idiot.

— Écoute, tu aimes l’argent ?