Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/251

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est au-dessous de la ligne de flottaison ; d’ailleurs, ou je me trompe fort, ou le combat, s’il a lieu, sera à l’arme blanche. Ce sera une surprise. Le pirate ne se risquera pas à se servir d’armes à feu, surtout dans ces parages fréquentés. Quant à nous, c’est autre chose ; nous ne nous gênerons pas. Lorsque le bal sera prêt de commencer, je vous avertirai pour que vous fassiez votre partie dans l’orchestre, ajouta le capitaine en riant.

Julian lui serra la main et descendit dans son logement.

Le capitaine donna aussitôt ses ordres.

Tous les feux furent éteints à bord, le cap fut remis en route et la voilure établie pour la nuit ; c’est-à-dire qu’on prit un ris aux huniers, on serra les perroquets, on cargua la grande voile, et le navire ne marcha plus que sous ses huniers, sa misaine, le grand foc et la brigantine.

Mais comme la brise était assez forte, la mer belle, et que la Belle-Adèle avait du largue, sous cette faible voilure, qui était une véritable voilure de combat, elle faisait facilement ses huit nœuds à l’heure, ce qui était bien marcher.

Les filets d’abordage furent solidement établis, puis le capitaine réunit l’équipage au pied du grand mât, et lui expliqua franchement dans quelle situation se trouvait le navire, et la résolution qu’il avait prise de résister au pirate.

Les matelots répondirent par des acclamations et demandèrent des armes.

En moins de dix minutes toutes les mesures furent pour une sérieuse résistance.

D’après les instructions particulières du capitaine, le timonier tenait la barre un peu lâche, de façon à faire de fréquentes embardées.

Tous les hommes de l’équipage étaient couchés sur le pont.

On ne voyait personne.

Le navire semblait endormi.