Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/293

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N’essayez pas de me tromper : il ne s’agit pas d’un crime banal, mais bien d’une vengeance.

— Comment le savez-vous ? s’écria M. Romieux en faisant un brusque bond sur son fauteuil.

— Je ne le savais pas, je le supposais seulement ; mais à présent j’en suis sûr.

M. Romieux se mordit les lèvres jusqu’au sang et essaya de réparer tant bien que mal la faute qu’il avait commise.

— Vous vous trompez, dit-il ; il ne s’agit nullement d’une vengeance.

— Allons donc ! reprit le Loupeur en haussant les épaules et de l’air le plus dédaigneux, me prenez-vous pour un niais, mon maître ? A-t-on besoin d’une armée pour tuer un homme, forcer une boutique de changeur, ou enlever une jeune fille ? Deux hommes résolus suffisent à pareille besogne. Mais tout cela m’est indifférent ; vos affaires ne me regardent pas, et je ne veux m’en occuper que dans les limites de notre marché ; quant au reste, grand bien vous fasse ! Je n’en ai cure, je m’en lave les mains ! Et encore, j’ai tort de parler ainsi ; il faut de la confiance entre nous : il est indispensable, pour que je puisse agir avec des chances de succès que vous me fassiez certaines confidences, sans lesquelles j’aurais les bras liés, et je serais réduit à l’impuissance. Souvenez-vous que l’on n’exécute bien une chose, quelle qu’elle soit, que si on la comprend bien, et si l’on peut en calculer d’avance, avec une presque certitude, les péripéties pour ou contre, même celles que le hasard peut faire surgir à l’improviste.

— Ce n’est malheureusement que trop vrai, murmura M. Romieux, vaincu par l’évidente logique de ce raisonnement.

— Il est bien entendu que, quoi que vous me révéliez, je ne confierai à mes hommes que ce qu’il sera strictement indispensable qu’ils sachent afin de ne pas commettre de sottises.

— Vous me le promettez ?