Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/52

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Brûlés, Français et Mexicains, hommes honnêtes, braves et dévoués, m’ont donné leur parole. Une quarantaine d’entre eux sont déjà réunis et campés par petits groupes séparés aux environs du brulis de l’Antilope, ou je leur ai donné rendez-vous en pleine forêt vierge, à quatre ou cinq lieues d’ici, et où ils seront admirablement cachés : que t’en semble ?

— C’est un beau résultat.

— N’est-ce pas, fit-il en se frottant les mains ; eh bien ! ce n’est pas tout.

— Bon ! qu’y a-t-il encore ?

— Tu vas voir. Charbonneau, qui m’a été fort utile pendant notre expédition, a été adopté par la grande tribu comanche du Bison-Blanc.

— Je savais cela depuis longtemps.

— Laisse-moi finir. Charbonneau est très aimé par tous les sachems et les guerriers de cette tribu ; elle est nombreuse, bien armée, aguerrie, et depuis un mois, elle est campée pour ses grandes chasses d’hiver, à une dizaine de lieues d’ici. Charbonneau et moi, nous sommes allés visiter cette tribu. Il paraît que le Mayor s’est, à plusieurs reprises, assez mal conduit avec les chefs du Bison-Blanc, et que ceux-ci ne cherchent qu’une occasion de faire payer au Mayor tous les tours qu’il leur a joués. Charbonneau savait tout cela ; mais il ne m’en avait rien dit ; il voulait me ménager une surprise. En effet, je ne sais comment il s’y est pris pendant les deux jours que nous sommes restés avec eux ; mais il les a si bien endoctrinés qu’un grand conseil de médecine a été tenu, et que les chefs ont décidé que la hache serait déterrée contre le Mayor et une alliance contractée avec don Cristoval de Cardenas, qu’ils considèrent comme un de leurs sagamores, et pour lequel ils ont un profond respect. Trois chefs ont été désignés pour se rendre auprès de don Cristoval et conclure l’alliance décidée par le conseil de médecine ; ces trois chefs arriveront ce soir à l’hacienda, un peu après le coucher du soleil.

— Tu as réussi à faire cela ? s’écria Julian avec joie.