Page:Aimard - Les Rôdeurs de frontières, 1910.djvu/128

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion
122
LES RODEURS DE FRONTIÈRES

à allumer, nous ne devons pas compter les uns sur les autres. À l’œuvre !

Les combustibles et les matières inflammables furent partagés entre les trois hommes et ils se séparèrent.

Cinq minutes plus tard une étincelle brilla, puis une seconde, puis une troisième ; au bout d’un quart d’heure dix feux étaient allumés.

Faibles d’abord, ils semblèrent hésiter pendant quelques instants, puis peu à peu la flamme grandit, prit de la consistance, et bientôt toute la plaine fut éclairée du reflet sanglant de ces torches immenses.

Le capitaine et ses compagnons avaient été plus heureux qu’ils ne l’avaient espéré dans leur expédition, car ils avaient réussi à allumer les amas de bois épars dans la vallée sans éveiller l’attention des Indiens ; ils se hâtèrent de rejoindre à toutes jambes les retranchements. Il était temps, car tout à coup un cri de guerre terrible s’éleva derrière eux et une nombreuse troupe de guerriers indiens apparut à la lisière de la forêt, accourant à toute bride en brandissant leurs armes comme une légion de démons.

Mais ils arrivèrent trop tard pour s’emparer des Américains, ceux-ci avaient traversé le fossé et se trouvaient à l’abri de leurs coups.

Une décharge de mousqueterie salua l’arrivée des Indiens, plusieurs tombèrent de cheval et les autres tournèrent bride et s’éloignèrent avec précipitation.

Le combat était engagé, mais peu importait au capitaine : grâce à son heureux expédient une surprise était impossible, on y voyait comme en plein jour.