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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

Il y eut un instant de répit, dont les Américains profitèrent pour recharger leurs armes.

Les colons avaient éprouvé un moment d’inquiétude en voyant d’immenses brasiers s’allumer les uns après les autres dans la prairie ; ils crurent à une ruse des indiens, mais ils furent promptement désabusés par le retour du capitaine et se félicitèrent au contraire de cette heureuse inspiration qui leur permettait de tirer presque à coup sûr.

Cependant les Pawnées n’avaient pas renoncé à leur projet d’attaque ; selon toutes les probabilités, ils ne s’étaient retirés que pour délibérer.

Le capitaine, l’épaule appuyée à la palissade, examinait attentivement la plaine déserte, lorsqu’il lui sembla apercevoir un mouvement insolite dans un champ de blé indien assez étendu, situé environ à deux portées de rifle de la colonie.

— Alerte ! dit-il, l’ennemi approche.

Chacun appuya le doigt sur la détente.

Tout à coup un grand bruit se fit entendre, et la pile de bois la plus éloignée s’écroula avec fracas lançant des milliers d’étincelles.

— By god ! s’écria le capitaine, il y a quelque diablerie indienne là-dessous, il est impossible que cette énorme pile soit déjà consumée.

Au même instant une seconde s’écroula, suivie immédiatement d’une troisième, puis d’une quatrième.

Il n’y avait plus de doute à conserver sur les causes de ces éboulements successifs : les Indiens, dont les mouvements étaient neutralisés par la lumière que répandaient ces phares monstres, avaient pris le moyen bien simple de les éteindre, ce qu’ils