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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

un fou, je reconnais mes torts envers vous, Carmela, car vous dites bien : parmi tout ce monde, vous seule avez été constamment bonne et compatissante pour le reprouvé, pour celui que poursuit la haine générale.

— Haine aussi stupide qu’injuste.

— Et que vous ne partagez point, n’est-ce pas ? s’écria-t-il vivement.

— Non, je ne la partage pas ; seulement je souffre de votre obstination, car, malgré tout ce qu’on raconte de vous, je vous crois bon.

— Merci, Carmela ; je voudrais pouvoir prouver immédiatement que vous avez raison et donner un démenti à ceux qui m’insultent lâchement par derrière, et tremblent lorsque je me dresse devant eux ; malheureusement cela est impossible quant à présent ; mais un jour viendra, je l’espère, où il me sera permis de me faire connaître pour ce que je suis réellement, et de quitter le masque qui me pèse, et alors…

— Alors ? lui demanda-t-elle en voyant qu’il s’arrêtait.

Il hésita un instant.

— Alors, dit-il d’une voix étranglée, j’aurai une question à vous faire et une demande à vous adresser.

La jeune fille rougit légèrement, mais se remettant aussitôt :

— Vous me trouverez prête à répondre à toutes les deux, murmura-t-elle d’une voix basse et inarticulée.

— Bien vrai ? s’écria-t-il avec joie.

— Je vous le jure.