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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

— Oh ! alors ! fit l’autre en se récriant.

— Je vous en donnerai six cents.

L’hôtelier demeura ébahi.

— Je ne demande pas mieux, dit-il.

— Mais à une condition.

— Laquelle ?

— C’est que demain, aussitôt la vente effectuée, vous monterez à cheval. Vous avez un cheval, n’est-ce pas ?

— Oui.

— Eh bien ! vous monterez dessus, vous partirez et jamais vous ne reparaîtrez ici.

— Oh ! pour cela vous pouvez en être bien certain.

— C’est convenu ?

— Convenu.

— Alors, que demain au lever du soleil vos témoins soient prêts.

— Ils le seront.

La conversation en demeura là. Les voyageurs s’enveloppèrent dans leurs fressadas et leurs zarapès, se couchèrent sur le sol raboteux de la salle, et s’endormirent : l’hôtelier les imita.

Ainsi que cela avait été convenu entre eux, l’hôtelier, un peu avant le jour, sella son cheval et s’occupa à se procurer les témoins nécessaires à la validité de la transaction ; pour cela, il se rendit à franc-étrier à l’hacienda del Mezquite ; au lever du soleil, il était de retour. Le mayordomo de l’hacienda et sept ou huit peones l’accompagnaient.

Le mayordomo, le seul qui sût lire et écrire, rédigea un acte de vente ; puis, après avoir rassemblé tous les assistants, il le lut à haute voix.