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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

— Allez, allez, interrompit-il brusquement en la poussant vers le corral, c’est convenu.

La jeune fille n’obéit qu’à contre-cœur ; mais en ce moment des coups pressés résonnèrent contre les volets, le métis profita de cette démonstration des Indiens pour fermer la porte du corral.

— J’ai juré à Tranquille de la protéger, quoi qu’il arrive, murmura-t-il, je ne puis la sauver qu’en mourant pour elle. Eh bien ! je mourrai ; mais, capa de Dios, je me ferai de belles funérailles.

On frappa de nouveau contre les volets, mais avec une violence telle qu’il était facile de prévoir qu’ils ne résisteraient pas longtemps.

— Qui est là ? demanda le métis d’une voix calme.

— Gente de paz, répondit-on du dehors.

— Hum ! fit Lanzi, pour des gens paisibles vous avez une singulière façon de vous annoncer.

— Ouvrez ! ouvrez ! reprit la voix du dehors.

— Je ne demande pas mieux, mais qui me prouve que vous ne me voulez pas de mal ?

— Ouvrez, ou nous défonçons la porte.

Et les coups redoublèrent.

— Oh ! oh ! fit le métis, vous n’y allez pas de main morte ; ne vous fatiguez pas davantage, j’ouvre.

Les coups cessèrent.

Le métis débarricada la porte et l’ouvrit.

Les Indiens se précipitèrent dans l’intérieur avec des cris et des hurlements de joie.

Lanzi s’était mis à l’écart pour leur livrer passage. Il fit un geste de joie en entendant le galop d’un cheval qui s’éloignait rapidement.

Les Indiens ne prirent pas garde à cet incident.