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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

dre de personne dans un lieu isolé, au pouvoir d’une cinquantaine de démons sans foi ni loi, était des plus critiques, d’autant plus que les Apaches aussitôt qu’ils auraient été échauffés par les liqueurs fortes, dont l’abus leur cause une espèce de folie furieuse, n’auraient plus reconnu aucun frein ; leur caractère sanguinaire aurait repris le dessus, et alors ils se seraient livrés aux cruautés les moins justifiables pour le seul plaisir de faire souffrir un ennemi de leur race.

Le métis avait, d’ailleurs, une raison péremptoire pour ne rien ménager ; il fallait, à toute force, assurer, n’importe de quelle façon, le salut de Carmela, qu’il avait solennellement juré à Tranquille de défendre, même au péril de sa propre vie.

Dans le cas présent, il savait que sa vie ou sa mort dépendaient seulement du caprice des Indiens, il n’avait donc rien à ménager.

Lanzi était un homme froid, positif et méthodique, qui n’agissait jamais sans avoir au préalable, mûrement réfléchi aux chances probables de succès ou d’insuccès. Dans la circonstance présente, le métis ne risquait rien, puisqu’il se savait condamné d’avance par les Indiens ; si son projet réussissait, peut-être parviendrait-il à s’échapper ; sinon, il mourrait, mais en brave habitant des frontières, en entraînant avec lui dans la tombe une quantité considérable de ses implacables ennemis.

Sa résolution prise, il l’avait exécutée avec le sangfroid que nous avons rapporté ; grâce à sa présence d’esprit, il avait eu le temps de sauter sur son cheval et de s’enfuir.

Cependant tout n’était pas fini encore, le galop