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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

j’ai tenu ma promesse et que j’ai donné ma vie pour elle.

— Je n’y consentirai jamais, s’écria énergiquement doña Carmela.

— Silence ! interrompit brusquement le métis, partez ! partez ! vous n’avez pas un instant à perdre.

Malgré la résistance de la jeune fille, il l’enleva dans ses bras nerveux et la porta en courant dans le fourré.

Carmela comprit que rien ne pourrait faire changer de résolution au métis, elle se résigna.

Le chasseur accepta aussi simplement le dévouement de Lanzi qu’il avait offert le sien, la conduite du métis lui semblait toute naturelle ; il ne fit donc pas la moindre objection et s’occupa activement à préparer les chevaux.

— Maintenant partez, dit le métis dès que le chasseur et la jeune fille furent en selle, partez, et à la grâce de Dieu !

— Et vous, mon ami ? voulut encore dire doña Carmela.

— Moi, répondit-il en secouant insoucieusement la tête, les diables rouges ne me tiennent pas encore. Allons, en route !

Pour couper net à toute conversation le métis sangla rudement les chevaux avec son chicote ; les nobles bêtes s’élancèrent au galop et disparurent bientôt à ses regards.

Dès qu’il fut seul le pauvre homme poussa un soupir.

— Hum ! murmura-t-il avec tristesse, cette fois, j’ai bien peur que tout ne soit fini pour moi ; c’est