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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

égal, canarios ! je lutterai jusqu’au bout, et si les païens me prennent cela leur coûtera cher.

Après avoir pris cette énergique détermination qui sembla lui rendre tout son courage, le brave métis monta à cheval et se tint prêt à agir.

Les Apaches accouraient avec un bruit ressemblant au roulement saccadé du tonnerre.

Déjà on pouvait distinguer vaguement leurs silhouettes noires se profiler dans l’ombre.

Lanzi mit la bride aux dents, saisit un pistolet de chaque main, et, lorsqu’il jugea le moment propice, il enfonça les éperons dans les flancs de son cheval et s’élança à fond de train au-devant des Peaux-Rouges, qu’il coupa en diagonale.

Arrivé à portée, il déchargea ses armes dans le groupe, poussa un cri de défi et continua à fuir en redoublant de rapidité.

Ce que le métis avait prévu arriva. Ses coups avaient portés. Deux Apaches étaient tombés la poitrine traversée de part en part. Les Indiens, furieux de cette audacieuse attaque à laquelle ils étaient loin de s’attendre de la part d’un seul homme, poussèrent un cri de rage et se précipitèrent sur ses traces.

C’était, nous l’avons dit, ce que voulait Lanzi.

— Là ! fit-il en voyant le succès de sa ruse, les voilà ramassés, il n’y a plus à craindre qu’ils s’étalent ; les autres sont sauvés. Quant à moi !… bah ! qui sait ?

Doña Carmela et le chasseur n’avaient échappé aux Apaches que pour tomber au milieu des jaguars. Nous avons vu comment, grâce à Tranquille, ils avaient été sauvés.