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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

de fort extraordinaire dans tout ce que tu m’as raconté.

— Attendez, fit-elle.

— Bon, ce n’est pas fini, alors ?

— Pas encore.

— Très-bien, continue.

— Bien que le Jaguar se fût entretenu à voix basse avec ces hommes, cependant, par quelques mots que j’ai entendus, sans le vouloir, je vous le jure, mon père…

— J’en suis persuadé. Par ces quelques mots tu as deviné quoi ?

— C’est-à-dire que j’ai cru comprendre.

— C’est la même chose, va toujours.

— J’ai cru comprendre, dis-je, qu’ils parlaient de la conducta.

— Et tout naturellement du capitaine Melendez, n’est-ce pas ?

— D’autant plus que je suis certaine qu’ils ont prononcé son nom.

— C’est cela. Alors tu as supposé que le Jaguar avait l’intention d’attaquer la conducta et peut-être de tuer le capitaine, hein ?

— Je ne le prétends pas, mon père balbutia la jeune fille toute décontenancée.

— Non, mais tu le crains.

— Mon Dieu ! mon père, reprit-elle avec un mouvement de contrariété, n’est-il pas naturel que je m’intéresse à un brave officier qui…

— C’est on ne peut plus naturel, mon enfant, je ne te blâmes pas ; qui plus est, je crois que tes suppositions se rapprochent beaucoup de la vérité, ainsi ne te fâche pas.