Page:Aimard - Les Rôdeurs de frontières, 1910.djvu/265

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
259
LES RODEURS DE FRONTIÈRES

prêts à la riposte, puis ils attendirent, le doigt sur la détente en promenant dans toutes les directions un regard investigateur.

Ils demeurèrent ainsi pendant un laps de temps assez long, sans que rien vint troubler de nouveau le silence de la prairie et que le plus léger indice leur fît supposer que l’attaque dirigée contre eux dût se renouveler.

En proie à la plus grande anxiété, ne sachant à quoi attribuer cette agression et quels ennemis ils avaient à redouter, les trois hommes ne savaient quel parti prendre ni comment sortir à leur honneur de la position embarrassante dans laquelle le hasard les avait tout à coup si singulièrement placés, lorsque le Renard-Bleu se décida enfin à aller à la découverte.

Cependant comme le chef craignait avec raison de tomber dans une embuscade habilement tendue pour s’emparer sans coup férir de lui et de ses compagnons, il jugea prudent, avant que de s’éloigner, de prendre les plus minutieuses précautions.

Les Indiens sont à juste titre renommés pour leur finesse ; contraints, à cause de la vie qu’ils mènent dès leur naissance, à se servir continuellement des facultés physiques dont la Providence les a doués, chez eux, l’ouïe, l’odorat et surtout la vue se sont tellement perfectionnés et ont acquis un si grand développement, qu’ils peuvent avec avantage lutter avec les bêtes fauves, dont au reste ils ne sont que les plagiaires ; mais, ayant à leur disposition de plus que les animaux l’intelligence qui leur permet de combiner leurs actions et d’en prévoir les conséquences probables, ils ont acquis une science féline,